Dans le cadre de la semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, le 21 mars l’action ImpaQt, organisée par la Mission Locale et financée dans le cadre de la politique de la ville, a été menée en partenariat avec la Maison de l’Emploi et le Grand Périgueux.
L’action a mobilisé huit jeunes issus des territoires QPV et quatre entreprises signataires du PaQte.
Animée par l’association bordelaise Boulevard des Potes, l’objectif était d’échanger collectivement sans tabous sur la question des discriminations dans le monde de l’entreprise.
« Apprendre pour désapprendre » – point de vue d’Adam, Service Civique à la Mission Locale et participant à l’événement.
« L’histoire est un éternel recommencement », aurait dit l’historien Thucydide. C’est à cette prophétie antique que l’association bordelaise « Le Boulevard des Potes » cherche à donner tort, parce que ce n’est qu’en regardant bien en face les erreurs de son passé que le serpent cesse de se mordre la queue.
« Moi, je suis justement venu à cet événement pour m’assurer que mes propres serpents ne se mordent pas la queue. Chaque milieu dans lequel on naît s’accompagne de stéréotypes. Dans le petit coin de campagne périgourdin qui m’a vu grandir, la diversité était réduite. Quels préconçus avaient malgré tout pu passer entre les mailles privilégiées de ma famille blanche, bien qu’ouverte et inclusive ? »
« Pour m’assurer de ne pas répéter l’histoire et ses torts, j’essaye de me « surveiller ». Les mots que j’utilise sont-ils connotés ? Actuels ? Inclusifs ? Conscients ? Les visions que j’ai de différents groupes sont-elles réductrices ou réalistes, adéquates ? Comment traiter les gens différents de moi comme ils le méritent ? Non pas comme j’aimerais être traité (une femme voilée voudra et méritera un traitement différent d’un homme blanc athée), mais en prenant en compte et en respectant leurs différences ? »
« Étant dans cette dynamique, l’initiative de la Mission Locale, m’a beaucoup intéressé, et l’intervention d’Ahmed Serraj et Hélène Boineau, de l’association le Boulevard des Potes, a répondu à mes attentes avec clarté, intelligence, bienveillance »
« Moi, les autres jeunes présents, les employés du Grand Périgueux et les partenaires participants avons remonté le temps grâce à leur exposition « Des Noirs dans les Bleus ». Que l’on soit passionné ou indifférent au sport comme moi, l’impact de l’immigration et du racisme dans le monde du football se révèle être un axe on ne peut plus pertinent. »
L’exposition est née en réaction à la victoire de l’équipe de France de 1998, plus particulièrement à la chape nauséabonde de racisme que la coupe du monde, remportée en partie par des joueurs immigrés, a soulevé. À la joie et la fierté françaises s’étaient mélangées la haine, la peur, la méfiance de Français ignorants et venimeux s’imaginant être lentement (mais sûrement) remplacés par des étrangers.
Peu importe ce qu’une personne raciste, sexiste, homophobe, psychophobe, … dira : toute discrimination naît d’une peur.
L’exposition « Des Noirs dans les Bleus » et les représentants du Boulevard des Potes le rappellent brillamment. Avant de craindre les « vagues d’immigration », les gens redoutent de perdre leur sécurité, leur confort, leur routine, leur « monde ».
Ahmed Serraj, président de l’association, renomme d’ailleurs ces fameuses vagues « cycles d’immigration » afin de dépouiller un terme surexploité de sa connotation anxiogène.
L’exposition le démontre très bien : l’immigration est un cycle. Que la France soit perméable est une bonne chose. Il n’est pas seulement insensé de rejeter des personnes riches de savoirs, de culture et de compétences – c’est également hypocrite.
La France coloniale s’est servie du continent africain (entre autres) comme bon lui semblait. Quelle injustice et égoïsme que de continuer de piocher ce qu’elle estime utile sans faire rayonner ses propres avantages.
« Je ressors de cette journée avec un mélange d’optimisme et de réalisme. Optimisme parce que le monde avance de deux pas. Réalisme parce qu’il en recule d’un. Ces journées antidiscriminatoires et nombre d’autres événements revendiquent une volonté de grandir. Se dépouiller d’habits trop vieux et trop serrés pour se revêtir d’un tissu plus léger, plus coloré, plus aéré.